Début septembre le ministre du travail Olivier Dussopt a annoncé le lancement de la réforme France Travail via huit dossiers considérés comme prioritaires. Cette réforme, attendue, intervient directement dans le cadre de l’objectif de plein emploi fixé par Emmanuel Macron pour 2027.
Ce vaste chantier doit ainsi débuter par une phase de concertation et de préfiguration qui devrait durer jusqu’à décembre (organisée par Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l'emploi et à l'engagement des entreprises) pour se réaliser concrètement dans le courant des années 2023 et 2024.
Ci-dessous les positions de Coorace sur les huit chantiers évoqués :
Création de France Travail
Si Coorace ne peut que se satisfaire de la volonté du gouvernement de plus et mieux accompagner vers l’emploi les plus précaires à travers un nouvel organisme le réseau se doit de rappeler à nouveau que la responsabilité du chômage ne peut en aucun cas être imputé aux chercheur.euses d’emploi. Le nombre de chômeurs est en effet toujours bien plus important que celui des postes non pourvus, ce qui montre que notre économie ne créé toujours pas assez d’emploi près des besoins et des territoires.
Réforme de l’assurance chômage
Coorace déplore l’intention du gouvernement de réduire encore les revenus des chômeurs et d’ainsi amener encore plus vers la précarité les personnes d’ores et déjà identifiées comme étant particulièrement fragiles. D’autant plus que rien aujourd’hui ne montre que ces mesures permettraient une amélioration du parcours vers l’emploi de qualité.
Par ailleurs, le réseau s’interroge sur les critères qui permettront de définir la situation de l’emploi pour définir une période d’indemnisation. En effet, au-delà de la question de la santé globale du marché de l’emploi c’est bien la conjoncture économique des bassins d’emploi au niveau local qui impacte la faculté des personnes à retrouver un emploi de qualité. Il est ainsi tout à fait illusoire d’espérer calquer sur la réalité des territoires des statistiques d’emploi national.
Réforme du RSA
Le RSA est le revenu minimum de solidarité pour les personnes les plus précaires, dont un grand nombre sont temporairement en incapacité de travailler pour des motifs divers comme des contraintes liées à la santé notamment. Pour notre réseau, s’il est bien évidemment nécessaire de mieux accompagner les plus fragiles, il est impensable de priver de ce minimum de solidarité (à peine la moitié du seuil de pauvreté) les personnes les plus précaires alors même qu’encore aujourd’hui 30% des potentiels bénéficiaires ne sont toujours pas en capacité d’en faire la demande.
Pour Coorace mieux accompagner les bénéficiaires du RSA c'est donc avant tout s’adresser aux personnes volontaires en leur proposant un accompagnement de qualité en lien avec les structures d’insertion sur les territoires tout en leur permettant de mieux cumuler leur RSA avec ces revenus issus d’une activité.
Poursuivre le déploiement du Contrat Engagement Jeune
Le Contrat engagement jeune, mis en place en mars dernier, apparait comme un bon levier d’insertion pour les jeunes en difficulté d’accès à l’emploi durable. Si l’IAE est très souvent une bonne solution pour ces jeunes-là, le manque de clarté sur la possibilité de cumuler un salaire en insertion et le revenu issu du CEJ rend leur intégration dans des SIAE souvent peu intéressantes d’un point de vue financier. Coorace propose donc d’acter la possibilité de cumuler salaire en insertion et revenu du CEJ pour permettre à ces jeunes de suivre plusieurs dispositifs de retour à l’emploi et donc de multiplier leur chance de sortie positive.
Amplifier la dynamique de l’apprentissage
La mobilisation des contrats de professionnalisation représente une vraie plus-value dans les parcours d'insertion. Proposition de longue date de Coorace, la mobilisation des contrats de professionnalisation permet de renforcer la formation et la montée en compétences des salarié.es, notamment le développement de compétences spécifiques pour accéder à certains métiers. Et ce, tout en assurant un parcours qualifiant sur-mesure avec un taux de sortie très important. Coorace continue donc d’agir en faveur d’une démocratisation de ce type de contrat.
Préparer les actifs aux compétences de demain
Au sein du triptyque classique accompagnement-formation-mise à l’emploi la formation tient un rôle fondamental, particulièrement en ces temps de transitions (écologique, numérique...). Aussi Coorace continue de porter des propositions ambitieuses en faveur du renforcement de la formation dans l’IAE tant pour les salariés en insertion que pour les permanents. A ce jour, le ministre serait déjà sensible à la proposition du réseau de revenir sur les modalités de calcul de l’accès pour les SIAE (règle des 50 ETP) aux fonds mutualisés des contributions légales du plan de développement des compétences.
Soutenir l’emploi des séniors
Pour les séniors frappés par le chômage de longue durée le retour à l’emploi classique n’est parfois pas réaliste. Une fin de parcours d’insertion 3 ou 4 ans avant l’acquisition des droits à la retraite a par ailleurs souvent des conséquences désastreuses pour ces personnes mais aussi un coût pour les finances publiques. Aussi, en réaction à cela, Coorace continue de promouvoir la possibilité de contractualiser des CDI sénior permettant de prolonger l’emploi des séniors sur leur territoire et de les accompagner jusqu’à leur retraite sans leur faire subir une nouvelle période de chômage de longue durée.
Travailler mieux
Plusieurs évènements récents (crise de la Covid 19, tensions de recrutement, inflation) sont venus révéler le manque de valorisation, notamment d’un point de vue financier, des métiers utiles socialement et environnementalement aux territoires. Coorace propose donc de revaloriser les salaires des personnes en parcours d’insertion en permettant de maintenir un cumul entre les aides financières perçues (RSA, ASS, ARE..) et le revenu de leur activité en parcours d’insertion. [LP1]
Par ailleurs, il est clair au sein des structures qu’il devient tout aussi nécessaire de revoir les salaires des postes de permanents. En effet, alors que le modèle économique des structures couplé à l’inflation grandissante permet difficilement d’assurer un salaire à la hauteur du travail fourni en matière d'utilité sociale et territoriale, il incombe à l’état de revaloriser ces oubliés du Ségur sans impact pour leur modèle économique ni pour leurs fonds propres.
Eu égard à l’importance de ces sujets pour le réseau, Coorace ne manquera pas d’intervenir auprès des pouvoirs publics afin d’être le plus largement intégré aux différents groupes de travail et commissions relatives aux politiques publiques de l’emploi et de lutte contre la pauvreté. Il est en effet primordial que la parole de l’ensemble des structures de l’IAE puisse être entendues lors de cette grande réforme du Travail.
Nous vous tiendrons informés des prochaines évolutions et reviendrons rapidement vers vous dans le cadre d’une consultation des actions et d’initiatives portées par vos structures, et ce, particulièrement concernant vos actions pour l’accompagnement des bénéficiaires du RSA.
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